PORTRAIT - La Pythie - un portrait de femme.

Peinte par trois fois : un tableau à l'acrylique sec et nerveux, entre deux  plus moelleux réalisés à l'huile sur toile, au format standard 60P pour les trois : 130 x 89 cm.

Ceux qui nous regardent.

Le portrait sans modèle (suite...)

Bien qu'un lien  d'empathie, (voir plus) se noue entre l'artiste et son modèle (qu'il soit aussi distant qu'une photographie dans le journal), au  moment de peindre je me dois de m'intéresser qu'à la matière, la texture de la photo elle-même, et mon médium, la peinture, huile ou acrylique. Le sujet représenté sera toujours là sous-jacent, pour être révélé en pleine lumière, une fois le tableau prêt à rejoindre une cimaise. Passé au prisme de la peinture, le sujet, l'image "copiée" avec les façons du peintre, sera alors ni tout à fait le même, ni tout à fait une autre.

                        J 'ai pensé que ce modèle en particulier, aux traits du visage comme tirés au cordeau, qui pose de face sur la photographie, de façon franche et frontal, pourrait m'amener à produire une peinture plus stylisée, plus "égyptienne", surtout en utilisant  l'acrylique, peinture sèche et nerveuse. Peine perdue,  à chaque fois je retourne au modelage, au rendu naturaliste des reliefs du visage. Quand au troisième tableau, qui semble un remake du premier, il a commencé, comme une deuxième tentative de styliser à l'acrylique, la première ayant échouée, encore peine perdue...pire, frustré par l'acrylique, j 'ai repris les tubes de peinture à l'huile.

            Sinon pour me démarquer des photographies que j'avais jusque là sélectionnée dans le journal, je cherchais ce qui me semblait être une image-archétype, qui soit son propre référentiel, c 'est a dire par exemple, une image extraite des pages modes d'un magazine. Ce que l'on voit sur cette photographie de mode, ne laisse place à aucun doute, pas la moindre histoire n'est à raconter, sinon la reconnaissance vague de l'éventuel provenance géographique du modèle suivant son type, ici l' Europe du nord, ou de l'est, pour faire simple. Ce que l'on voit par contre ce sont les codes quasi universels inhérents à ce type de représentation de la "Femme", qui mettent en avant la perfection et la beauté.

            Pourtant, jamais en trois fois que j'ai peint ce modèle - une  fois à l'huile, une fois à l'acrylique, encore une  fois à l'huile, et malgré les conditions de mise en œuvre que je m'étais fixées : la copie sans artifices, le résultat  a été une peinture de la "perfection" et de la "beauté". La question se pose alors de savoir si il s 'agit de mauvaise peinture, ou de mauvaises copies, ou si cela a encore un sens ? - et que dire du titre choisit : "La Pythie" plus ou moins guidé par la forme des boucles d'oreilles, il serait une grosse ficelle pour occulter à quel point ces tableaux sont loin de leur modèle, pourtant si clair, si prégnant, si identifiable, et placer l'accent sur leur dimension iconographique?
La toile est tendue sur châssis et signée au dos par l'artiste. Le vernis  est satiné, semi-mat.

Les trois tableaux d'après le même motif d'une photographie de presse d'un model de mode.

L 'expression de ce model -sauvage, jeune, presque brutale, avec ce regard droit de la personne qui ne fait pas de concession, qui possède une connaissance particulière des choses, une vérité, que vient souligner à la verticale, le jeu en pendentif des boucles d'oreilles, la plonger une fois peinte dans ce personnage de la "Pythie", l'oracle de la Grèce antique.

Détails de proche des trois tableaux, avec pour le dernier les boucles d'oreilles les plus abouties de façon peinte par rapport aux deux autres, du moins au premier, car l'acrylique induit un autre rapport à la peinture ,au rendu.

Les étapes de la réalisation de chaque tableau.

Les étapes de la création, entre l'idée initiale, ce que l'artiste souhaite "peindre", ce qu'il rencontre en chemin, c 'est de l'expérience, du vivant en peinture, de la matière qui vient nourrir le tableau, et qui s'en ressent. Cette matérialité fusionnelle avec l'expérience de l'artiste, n 'est sensible au regardeur que en présence véritable de l'œuvre, ce que Walter Benjamin appelle "l'aura" indissociable des conditions de sa réalisation, les hic et le nunc, l'ici et le maintenant, qui en font cet objet unique. L' idée que vient renforcer ici les trois incarnations d'une même source, comme trois embryons d'une méme gestation.

La photographie de presse d'un mannequin de mode qui a servit de modèle aux trois tableaux.

Le dos des trois tableaux de "La Pythie".